Mon opinion sur les systèmes de récompense.
Pour commencer, permettez-moi d’aborder brièvement la question de la motivation, car une récompense est censée stimuler un individu à accomplir une action.
Il existe deux types de motivation : la motivation intrinsèque et la motivation extrinsèque.
La première est intrinsèque, c’est lorsque l’individu se motive lui-même pour entreprendre une action. Elle est principalement alimentée par des éléments tels que la nouveauté, la passion, le plaisir, la vitesse, la facilité, et le sentiment de compétence, notamment chez un enfant atteint de TDAH.
La seconde est extrinsèque, où l’environnement fournit des incitations pour motiver un enfant récalcitrant, que ce soit par des promesses de récompense ou des menaces de punition (deux aspects de cet outil).
Cet outil repose essentiellement sur l’espoir de gagner la récompense promise ou la crainte de la perdre.
Pour échapper à cette dichotomie, je vous propose de transcender ce modèle de pensée binaire et de privilégier l’idée de « reconnaissance et gratitude d’avoir quelqu’un dans ma vie ».
N’est-ce pas en réalité ce que nous désirons tous dans notre existence ?
N’est-ce pas le message véhiculé par un bouquet de fleurs offert spontanément ?
Il faut admettre que nous, en tant que parents, avons été conditionnés à promettre une récompense en échange d’un bon comportement, dans l’espoir de le voir se répéter. Cette logique peut sembler parfaitement sensée, et de nombreux spécialistes du TDAH la recommandent pour encourager la motivation de l’enfant. Cependant, il semble qu’en cas de trouble de l’attention, l’approche basée sur les récompenses produise exactement l’effet inverse de celui recherché.
Plusieurs explications peuvent être avancées à ce sujet :
1. Une explication d’ordre biochimique : la dopamine, un neurotransmetteur (ou hormone), devrait normalement affluer dans le système nerveux pour soutenir la réalisation d’une tâche jusqu’à son terme. Cependant, ce processus ne fonctionne pas efficacement en présence du TDAH, où l’on observe une sorte de fuite de cette hormone, ce qui rend le système beaucoup moins efficace. Par conséquent, l’enfant doit fournir beaucoup plus d’efforts que d’autres pour obtenir des résultats moindres. En principe, la récompense pour le corps devrait être la dopamine, et non un objet matériel. Après quelques heures, la dopamine (même en quantité réduite dans le cas du TDAH) s’épuise, ce qui crée un sentiment de manque destiné à initier la tâche suivante. En revanche, la récompense reçue ne déclenche pas ce processus de dopamine, mais plutôt un message du type « Tu as reçu ta récompense, tu peux te reposer. » En fin de compte, le cerveau s’habitue à tout, et pour passer à une nouvelle tâche, il a besoin d’un stimulant, c’est là que la dopamine intervient. Si vous habituez l’enfant aux récompenses, son cerveau lui indiquera de réclamer une récompense de plus en plus importante à chaque fois, créant ainsi un cercle vicieux.
2. Une explication d’ordre psychologique : l’introduction de récompenses crée une dépendance à l’achat d’objets (peut-être un futur acheteur compulsif ?) comme moyen de se sentir mieux. Lorsque nous avons une dépendance, notre état interne finit par générer un sentiment de manque, entraînant un mal-être. La réponse à ce malaise est alors de réclamer une nouvelle récompense. De plus, les récompenses entraînent automatiquement des conditions d’obtention, comme du chantage et des menaces allant jusqu’à la suppression de la récompense. Ces trois éléments combinés constituent une formule explosive qui conduit inévitablement à des crises. La frustration engendrée par ce système est immense et insurmontable pour un enfant, surtout s’il souffre de TDAH.
En fin de compte, avec un système de récompenses, vous vous tirez invariablement une balle dans le pied, et une crise surviendra tôt ou tard, même si cela semble fonctionner initialement (l’effet de nouveauté entraînant une augmentation temporaire de dopamine, qui s’estompe avec le temps).
Pour éviter ce scénario et renforcer le lien avec votre enfant, quoi de plus gratifiant que de lui donner de l’attention positive pour ce qu’il fait de bien ?
De plus, passer du bon temps ensemble semble être ce qui est le plus recherché par les enfants et ce faisant, vous pouvez prendre en compte ses souhaits en les notant, et lui offrir de temps en temps, de manière aléatoire pour éviter de créer des attentes et des dépendances, quelque chose qui lui fait plaisir. De cette manière, vous lui envoyez le message suivant : « Je pense à toi, je t’aime, merci d’être là. »
C’est un message d’amour inconditionnel envers votre enfant, car vous ne reliez plus une récompense à un résultat qui lui est si difficile à atteindre et de cette manière, vous nourrissez son espoir d’obtenir quelque chose lui aussi, ce qui constitue l’élément principal et essentiel de sa motivation.