Mes émotions me manipulent.
Comme évoqué lors de l’article précédent, il serait plus logique de dire “mes émotions me manipulent” que “quelqu’un me manipule”.
Toute personne dite “manipulatrice” est quelqu’un qui sait vous communiquer des émotions afin de vous faire faire quelque chose pour lui.
L’émotion qui fonctionne le mieux , c’est la PEUR. La peur de perdre et la peur de ne pas avoir quelque chose qu’on désire.
D’autres émotions fonctionnent aussi mais la peur est la plus efficace pour vous faire réagir sans réfléchir.
Je vais faire une petite digression sur la manipulation avant de revenir vers le cas d’un enfant TDAH qui demande quelque chose à sa mère.
Un manipulateur adulte est quelqu’un qui utilise ce levier de pouvoir en semi conscience/inconscience (il est fort possible qu’il ait internalisé ce comportement et qu’il n’en ait plus conscience ou qu’il soit en déni) pour obtenir quelque chose de quelqu’un. Il fait en sorte que vous vous sentiez mal et que vous fassiez quelque chose pour lui, ce qui vous fera vous sentir mieux. Cela exige que les circuits neurologiques du manipulateur soit bien en place depuis très longtemps, et il rejoue ce comportement à l’infini, ayant trouvé là un moyen d’avoir du pouvoir sur les autres et d’obtenir ainsi de sa dose de sérotonine.
Vous pouvez en apprendre davantage sur le rôle crucial des neurotransmetteurs en vous rendant ici
Je vous invite également à réfléchir à la façon dont les parents manipulent leurs enfants en appuyant sur le levier de la peur pour obtenir quelque chose de lui.
Un petit enfant avec un TDAH (ou sans d’ailleurs) n’a pas un cerveau assez mature que pour préméditer un acte de manipulation.
Disons que son désir d’obtenir quelque chose est fort, de même que sa déception et sa frustration en cas de non obtention. Son émotion est forte.
Et c’est cette émotion que va capter sa maman via ses neurones miroirs qui va la manipuler par sensation de mal-être et lui faire finalement accepter des choses qu’elle ne voulait pas pour retrouver un état de soulagement et de mieux-être.
Ce n’est pas fini …
Si la maman est fort sensible aux émotions de frustration de son enfant et qu’elle cède à tous les coups … l’enfant apprend de cette façon comment il peut obtenir quelque chose facilement. Cette donnée est alors encodée dans son cerveau et à un moment donné, ce comportement sera internalisé. Le cerveau de l’enfant va alors privilégier cette façon de faire pour obtenir quelque chose en amplifiant sa frustration et en la manifestant haut et fort.
Un futur manipulateur est sans doute en train de naître.
Pour le moment, il est simplement guidé par sa neurobiologie et elle fonctionne à merveille.
💡 Cela concerne particulièrement les mamans qui sont biologiquement plus sensible aux émotions de l’enfant :
C’est tout d’abord mes propres émotions qui me manipulent, ensuite celles des autres qui par le biais des neurones miroirs me font croire que ce sont les miennes et qu’elles m’appartiennent.
Il y a donc une confusion et une pollution :
Je confonds mes émotions avec celle des autres, surtout celles de mes enfants
Les émotions des autres polluent mes émotions et je suis envahie par cette confusion Conséquence, je réagis à des choses qui ne m’appartiennent pas. Comprendre ce mécanisme peut vous aider à prendre distance par rapport à ce qui se passe pour dégainer la posture suivante : dire oui mais pas n’importe quel oui.
Dire oui mais pas n’importe quel oui : il s’agit plutôt d’accueillir
Le non (surtout si c’est un nom sec comme le font les parents exaspérés) provoque frustration et colère chez tous les humains. Ce sont des sensations désagréables que nous voulons voir cesser rapidement par des stratégies qui sont particulières à chacun. Ce nom est un briseur d’espoir et quand un humain n’a plus d’espoir, c’est la porte ouverte à tous les comportements.
Parents, gardez le NON pour des situations particulières, urgentes et qui ont à trait à la sécurité.
On dit tellement non dans une journée que l’enfant ne l’entend plus. I. Filliozat propose d’ailleurs de l’alterner avec STOP quand ce mot semble mieux approprié.
Comment dire oui quand on veut dire non ?
Dans le cas qui nous occupe, imaginons que Tom voudrait se voir offrir quelque chose qui lui fait très envie. On peut tout à faire maintenir l’espoir avec cette astuce :
“Oh Tom, je vois que tu as très envie de …” – Vous le laissez parler et vous raconter son envie (il se sent entendu, ce qui nourrit l’espoir)
“Je vois que c’est important pour toi. Tu sais ce qu’on va faire ? On va le noter (sur smartphone ou sur un petit carnet “les désirs de Tom”) et comme ça je saurai comment te faire plaisir la prochaine fois. Je n’oublie pas et je reviendrai vers toi pour que tu me dises si tu en as encore envie.
Lors des premières fois que vous allez utiliser cet outil, pour donner confiance à votre enfant, revenez vers lui rapidement en lui disant simplement que vous aviez envie de lui faire plaisir. Ensuite, petit à petit, faites en sorte que l’attente soit un peu longue pour habituer son cerveau à un peu de délai mais tout en conservant l’espoir de l’avoir.
Faire plaisir sans raison particulière ?
Je vous explique pourquoi dans cet article